Après le souper, on fit venir les ménétriers et on dansa dans la cour.
Le son de la cornemuse uni à celui de la vielle, écorche un peu les oreilles de près, mais de loin, cette voix rustique qui chante parfois de si gracieux motifs rendus plus originaux par une harmonir barbare, a un charme qui penêtre les âmes simples, et qui fait battre le cœur quiconque en a été bercé dans les beaux jours de son enfance.
Cette forte vibration de la musette, quoique raude et nasillarde, ce grincement aigu et ce staccato nerveux de la vielle sont faits l'un pour l'autre et se corrigent mutuellement. L'éloignement leur donne plus de charme et vous entraîne dans le rêve d'une vie pastorale"
George Sand, Le Meunier d'Angibault
Notre histoire
En 1888, 2 sociétés sœurs sont créées et portent le même non : Société des Gâs du Berry et Aultres Lieux du Centre.
La première fut créée le 30 mars 1888 à Paris par Jean Baffier. Elle ne survécut pas au décès de son fondateur.
La seconde par Edmond Augras le 21 septembre 1888 à Châteauroux. Et nous voila 135 ans plus tard.
Reprenons notre histoire.
Jean Baffier qui était un régionaliste à tous crins et doté d'un esprit gaulois hors du commun voulu ranimer la foi des derniers ménétriers. Il rassembla les quelques vielleux et cornemuseux qui résidaient dans le département du Cher et fonda début 1888 "La Société des Gâs du Berry et Aultres lieux du centre".
Le 21 Septembre 1888, Edmond Augras, à son tour, fonda à Châteauroux dans l'Indre une société soeur composée de neuf "Gâs". "Après la guerre de 1870, la défaite et les deuils avaient plongé le pays dans la tristesse. En Berry où on est très sensible, les populations étaient démoralisées et bannissaient des fêtes, les réjouissances d'autrefois. C'est ainsi que de nombreux mariages étaient timidement célébrés sans la cornemuse et la vielle qui se taisaient également à l'occasion des baptêmes, de la gerbaude, des fêtes villageoises...etc... En 1888, j'eus la chance de connaître Jean Baffier. Notre amour de la saine tradition et notre fidélité aux bonnes vieilles coutumes nous lièrent d'une amitié qui devait porter ces fruits."
En 1889, 17 Gâs monteront à Paris pour présenter le Berry à l'Exposition Universelle. La société des Gâs du Berry était née. Elle a comme devise "Nout' soupe est maigre mais j'la trempons dans nout' écuelle". Sa bannière, ornée de guirlandes à chaque sortie, est aux trois couleurs du Berry : "Le vert des prairies, le Jaune des moissons et le rouge de la vigne". Elle se dota d'un chef de musique qui aura comme emblème de commandement un bâton de houx coupé dans le bois de "la mare au diable" et torsadé naturellement par une liane de chèvrefeuille. Son premier président d'honneur sera Maurice Sand, le fils de la célèbre romancière.
En 1888, la société de l'Indre des Gâs du Berry compte 9 musiciens : Pierre Appaire d'Urciers, Bertrand Appaire de Lacs, monsieur Duburget de Saint-Chartier, Monsieur Charbonnier de Nohant-Vic, monsieur Chaumard de Saint-Denis-de-Jouet, ainsi que messieurs Bussière, Gerbaud, Moreau père et fils de La Châtre;
Les plus anciens enregistrements de Gâs du Berry faits en juin 1913
par Ferdinand Brunot
La valse à Cadet
Pierre Appaire, cornemuse ; Bertrand Appaire, Pierre Gerbaud, vielle 28 juin 1913
Une chasse ancienne
Pierre Appaire, cornemuse 28 juin 1913
Bourrée de La Châtre
Pierre Appaire, 49 ans, Bertrand Appaire, 51 ans et Pierre Gerbaud, 61 ans, enregistrés
le 28 juin 1913 à La Châtre
Marche des Cornards
Pierre Appaire, 49 ans, Pierre Gerbaud, 61 ans, enregistrés le 28 juin 1913 à La Châtre(Indre)